Bien souvent mon esprit, comme un
jeune animal fou, vagabonde au-delà des frontières du monde réel. Il s'ensuit
des images fantasques, des situations abracadabrantes que ma plume volatile
s'empresse de métamorphoser en écriture. Le résultat en est parfois surprenant
- le mariage de l'étrangeté du rêve à l'impitoyable réalité - La chrysalide se libère de son cocon de soie
pour devenir papillon éphémère
FLeuRBLeuE-PluMeRosE
Le Rendez-vous d'une plume et d'un papier
Elle était devant sa page blanche et réfléchissait… Le bleu
de sa robe soyeuse donnait un reflet outremer au papier. Quelques minutes
passèrent ainsi dans un silence cotonneux Un silence où le temps semble
suspendu…
Soudain, sa main gantée de velours noir se mit en
mouvement. Elle trempa la plume dans l'encre violette La plume,
aussitôt, prit un ton de rose Et glissa doucement sur le vélin comme sur
un tissu de soie…
Elle formait les pleins et les déliés de mots
tendres, caressants et sucrés Avec la délectation et gourmandise d'un
enfant savourant une friandise. Dans la sérénité de la chambre, une douce
musique s'échappait des syllabes Et se répandait aussi légère que les
volutes d'une fumée de cigarette. Une sorte de parfum, d'encens oriental,
embaumait le pupitre. Mais seul, un spectateur invisible aurait pu
percevoir tous ces détails
La plume rose s'amusait, riait sur le
papier … S'arrêtant par moment à la fin d'une phrase comme l'on
s'arrête au coin d'une rue… en hésitant ! Puis le mot étant choisi, elle
recommençait sa course folle Un vent coquin avait transformé sa robe bleue
en un gros ballon
Elle était heureuse Elle courait…non ! elle
volait sur le pavé, pardon… sur le papier. Elle avait rendez-vous et son
cœur battait très fort Sera-t-il là ? Elle l'ignorait…et à cette pensée
elle se troubla, elle s'affola Et la passion
l'emporta.
L'encre violette avait perdu sa transparence
d'améthyste. Le spectateur invisible entendit la plume se plaindre, crisser
sur le papier Les pleins douloureux se plaignaient, Les déliés
affolés, entre eux se liaient. La plume ardente comme un tison enflammé,
crépitait.
Tout à coup il y eut une sorte d'explosion et … Et
une grosse tache d'encre apparût sur le A du mot Amour ou Amitié : Qui
sait ! Ce mot …si joli… si tendre, si rose… était là, noyé dans un petit
lac d'encre sombre, presque grostesque avec son gros ventre
violet.
Désemparée, la main de noir gantée ne savait plus
si elle devait continuer son chemin ou renoncer ; Une légère brume voila le
regard marron glacé Sur le papier, se répandit une autre tache
délayée, Un autre lac de couleur lilas, une larme était tombée
…
Le spectateur invisible ne sut jamais si cette larme était due
à un chagrin d'amour, Au rendez-vous manqué ou à la page
salie...
Couchée à l'ombre du saule trentenaire Je regarde miroiter
le reflet argent de son feuillage vert
Comme une
chevelure, de toute attache libérée, Les tiges fines ondulent sans arrêt,
Sous le souffle léger de cet après-midi d'été. Elles se
balancent en cadence En une sorte de danse Slow et Blues
combinés
Comme des
époux se tenant par le bras, Au creux de deux branches, le ciel est là.
Bleu, lumineux, triomphant mais serein Sans un mot, simple connivence
entre lui et moi, Une partie de cache-cache se joue avec le géant de
bois. Un rayon de soleil m'aveugle soudain
Et je ferme
les yeux … Au travers de ces persiennes closes et roses Un
bouillonnement intérieur explose
Comme une
angoisse pernicieuse, il prend possession de moi Le liquide parcourt mon
corps en plein désarroi Il tape à coups sourds et lourds dans mon cœur
Se fige dans ma bouche asséchée par la peur Vole en éclats dans ma
tête, telle une bombe Coule le long de mes joues et sur mon corsage,
tombe
Je ne bouge
pas …le vacarme trop grand se réveille Son amplitude est sans pareil Je
laisse faire…
Dans un
bruit de roues glissant sur des rails, Suivi d'un long gémissement de
freins, le tramway s'arrête... Et les portes s'ouvrant, Un flot de
passagers, pressés et bigarrés, en descend. Je sais qu'il faut que je
prenne ce dernier tram ! Je me faufile prestement derrière une grosse
dame
Avant qu'il
ne soit trop tard pour cet ultime voyage, Je saisis d'une main ferme, mon
volumineux bagage Il pèse une tonne Il contient ma vie ! Rien ne
m'étonne !
Je voudrais
monter mais j'en suis empêchée, Un obstacle invisible me retient sur le
quai Quelqu'un me bouscule, m'insulte, je perds
pieds Décontenancée, j'en oublie de monter !!
Seule, je
me retrouve sur le trottoir Ma main crispée sur la poignée du
désespoir J'ouvre les yeux...
Je reprends
contact avec la terre endormie, la paresseuse ! J'ai mal à la tête,
ma main est douloureuse. Du nid creusé dans l'arbre, une plume rose s'est
envolée, Sur ma paume moite, elle s'est posée. Je fais virevolter entre
mes doigts, cette aigrette Et la trempant dans l'encre
violette
Je vous
écris…
Le 13 Janvier
2007
FLeuRBLeuE-PluMeRosE
Le Jardin d'Eden
En ce temps là, ma vie ressemblait
à ce pays lointain Chanté par Baudelaire Ce pays qui ressemble à un
paradis artificiel Où chaque matin, il semble que vous touchez le ciel
! " Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté
"
Un collier de perles fines tressé autour de mon cou Une robe
affriolante de soie bouillonnante Un tourbillon de tulle enserrant
ma taille Puis posés en simples détails Une émeraude dans la
chevelure Sur les épaules une douce fourrure " Là, tout n'est qu'ordre
et beauté, luxe, calme et volupté "
De la tête aux pieds Ainsi
étais-je parée!!
Couronnement de la Princesse de
nulle part Un tourbillon de gens venus de toute part M'entraînant dans
une folle cadence dorée Sur la paille désargentée, me suis
retrouvée...
Les rires de la maison se sont envolés Les
sarcasmes dans les coins furent chuchotés Transformant le paradis en
champ de bataille Où mon cœur se brisait sous la mitraille Un peu plus,
chaque soir, se mourrait mon âme Dans ce spectacle digne d'un mélodrame
Amour-propre déchiré Amour tout court bafoué Colère,
désespoir, jalousie, Enfin toute la panoplie...! Puis le corps, de
guerre lasse, terrassé Les larmes du coeur ont enfin coulé...! Tourne
moulin, tourne
C'est la vie qui passe Le rosier de Ronsard qui
trépasse Le piano s'est tu En " la " demeure le silence est
venu C'est déjà la mort ? Mais non...c'est la girouette qui
tourne C'est juste une page qui se tourne Un souffle qui éparpille les
amours sans remord ! Tourne moulin, tourne
La plume de son
encre violette a recouvert d'autres pages Un livre, puis une bibliothèque
pas toujours sage Dans ce jardin d'Eden Où je priais pour éviter la
haine Ils venaient chez moi Compléter leur vie Aucun ne me la
remplit Me laissant la solitude et le désarroi
Emportant mes rires Ne me laissant que des soupirs Et
le pont Mirabeau Et le val de Rimbaud Et le moulin qui tourne sans
arrêt Et la rivière qui coule sans regret Et ...en toute innocence...le jardin d'Eden,
fleurissant chaque année....
FLeuRBLeuE-PluMeRosE
A bâtons rompus
Abâtonsrompus
Il
fait froid !
Il
fait froid entre nous, vous n’trouvez pas ?
Quel
silence !
Quel
silence entre nous, vous n’trouvez pas ?
Quelle
distance !
Quelle
distance entre nous, vous n’trouvez pas ?
Que
reste-t-il de nos amours ?
Que
reste-t-il de ces beaux jours ?
Une
vieille chanson c’est tout !
L’hiver,
sur son chemin, a tout gelé, n’est-ce pas ?
La
distance a éloigné nos coeurs, n’est-ce pas ?
Trop
de chemins se sont croisés et décroisés, n’est-ce pas ?