Bien sûr, j'essayais d'être le
plus discret possible, mais à la longue, forcément, elle a fini par s'apercevoir
que je la regardais. Elle a dû se sentir offensée, car elle changea de siège,
n'offrant plus que son dos à mon insistance. Je voyais quand même ses mains
s'affairer à tordre des trombones. Pas un, mais des dizaines ! vu l'endroit
c'était quand même incongru ! Dans un pub, on est généralement plus occupé à
observer la retombée de la sainte mousse de la Guinness. Elle se leva d'un
bond, s'aidant du sous-bock pour pousser tous les vieux bouts de ferraille
tordus dans sa main. Toute rouge, elle se dirigea vers moi et sans même
m'accorder un regard, vida le tout dans ma pinte ! Il m'arrive de ces histoires quand tu n'es pas là
!
FLeuRBLeuE_949 : Elle 19
Janvier 2005 - 16:22
Elle sortit du pub, sans un mot ... Le gigamec au regard insistant
l'avait mise à cran. En
fait, elle réalisait avec un peu de retard et certainement trop tard que le
regard du gigamec n'avait rien d'inquiétant,à vrai dire même, il avait même quelque chose de touchant ! Mais il lui rappelait étrangement, un autre
regard qui l'avait fait chavirer, espérer et pleurer...
Elle disparut dans le flux
descendant. Il
m'arrive de ces histoires quand tu n'es pas là !
gigamecton
:
Lui 28 Février 2005 -
22:30:51
Dès que le clochard puant
s'est levé pour descendre, elle s'est assise à sa place. Je ne suis pas liant
le matin, c'est le moins qu'on puisse dire, mais j'aime bien sentir le
frôlement d'un corps de femme. Et là vraiment elle me collait, sa cuisse se
faisait insistante contre la mienne. Je décidais de rester bougon et
continuais à fixer le défilement des maisons à travers la vitre. Mon regard
se déplaçait parfois jusqu'à la limite entre sa jupe et son bas, à mon sens la
plus belle chose à regarder dans ce tramway. Pas son visage, seulement son
genou… En arrivant à la station après le pont, elle sortit de son sac un
genre de poudrier, l'ouvrit et répandit son contenu sur mes chaussures :
c'était des cendres !
Puis sans un mot, elle se leva et disparut dans le
flux descendant. Il m'arrive de ces
histoires quand tu n'es pas là !
FLeuRBLeuE_949 : Elle 6 Mars 2005 -
23:29
Le tramway se remit en marche
dans un bruit de ferraille brinquebalante, suivi d'un doux
ronronnement.... L'homme presque malgré lui, frissonna; cette cuisse chaude,
ce contact lui manquait, comme si soudainement il se retrouvait en bermuda,
en plein hiver ! Ses yeux se posèrent sur ses chaussures
noires...elles ressemblaient a des grains de raisins recouverts de leur poudre
veloutée. Il passa sa main sur son mocassin pour le nettoyer et constata que
la cendre était légèrement rosée... Sur ses lèvre, apparut un
demi-sourire...c'était bien ça, une femme ...elle avait signé son passage de
cendre de rose et une fragrance de fleur sembla flotter dans l'atmosphère
surchauffée du compartiment.
Il m'arrive de ces histoires quand
tu n'es pas là !
@
suivre
une gare...
LUI
ELLE
Lui
Une gare bondée de
voyageurs... Dans la foule, peut-êre, une rose qui ce matin, avait desclose...
Elle
Elle était assise près de la
fenêtre, le regard fixé sur le paysage qui défilait à grande allure. La
campagne était noyée dans les brouillards, aussi brumeuse que ses
pensées... Sur ses genoux, était posée
une petite valise noire aux coins usés; elle la serrait dans ses mains comme
si elle craignait qu'on la lui
arrache. Une voix
impersonnelle, dans un haut-parleur, annonça l'arrivée en gare - Elle
frissonna - Elle avait toujours aimé partir mais jamais, arriver. Le train freina dans un bruit de ferraille assourdissant,
puis, s'immobilisa.
Lui
Elle descendit du train. Et sur le
quai, une main saisit la sienne. Elle leva les yeux. Quel était cet
audacieux ? Elle ne le reconnut pas et bizarrement elle se laissa entraîner
parmi les voyageurs pressés, essayant de se frayer un chemin. Sans doute, à cause
de cette étrange rose bleue, l'avait-elle
suivi, sans que nul mot ne soit échangé Leurs regards se
croisèrent. L'espace d'un instant, leurs yeux s'illuminèrent. Un jour pâle se levait ...
Elle
Instinctivement, ils se dirigèrent vers un petit bar qui
venait juste d'ouvrir son rideau de métal.
Oui, c'était banal. Ils s'assirent. Il commanda 2 cafés.
Elle ne se souvenait pas qu'il lui
eût demandé ce qu'elle désirait.
Dans la pénombre de la salle, ils
osèrent enfin se détailler... Elle, avait les yeux
sombres. Lui, se perdit dans cette obscurité de sous-bois. Affolé, il chercha une issue et son regard se figea sur
une porte de sortie ... des lèvres flamboyantes, au sourire
énigmatique.
Lui
Il se pencha hypnotisé, comme happé
par cette lueur
violente et sans plus réfléchir, l'embrassa, l'embrassa avec tant de fougue, qu'elle
en fut toute déshabillée !
Puis, des images saccadées de
kaléidoscope drogué se succédèrent ...
A peine, du bar, sortis, une sorte de vent
soudain, jeta ses habits dans les nues. A l'ombre de "la claire fontaine", elle aimait se baigner
toute nue.
Silencieusement il pria qu'il fit
du vent, beaucoup de vent.
Et tel "les amoureux sur les
bancs publics, ceux qui se moquent du
regard oblique des passants honnêtes " il l'embrassa, l'embrassa longuement jusqu'à la
fin des temps.
Il posa sa tête dans le creux de
son épaule, sentit sa respiration s'accélérer.
II
glissa sa main là où battait son cœur,
Juste sous son corsage blanc, et
il découvrit une fleur...
K E R A L A N
Elle
Elle le reconnut tout de suite. Comme convenu, il était
assis à la terrasse du Café de la Bourse. Devant lui, un verre d'un liquide
ambré et dans une soucoupe, quelques amandes grillées. Lunettes de soleil,
chemisette rouge framboise et d'incroyables chaussures en cuir couleur du même
fruit. Pendant qu'elle traversait le boulevard, sur le passage pour
piétons, elle essayait de se remémorer ce qui était noté sur sa fiche Meetic.
Mais tout s'embrouillait dans sa tête, elle ne se rappelait plus de rien,
seulement du style " branché". Et c'était vrai ! Il semblait l'avoir
reconnue car il se leva alors qu'elle n'était pas encore à sa hauteur. Il
lui colla 4 bises suivant le rituel des gens de chez lui. Et elle eut soudain
l'impression de le connaître de longue date… un vieux copain, un tendre ami,
perdu et retrouvé. Il enleva ses lunettes sombres et là, elle
se retrouva dans un lac de fraîcheur, dans l'eau bleue et cristalline de ses
yeux. Etrange sensation de flottement, d'apesanteur, de n'avoir plus de
contact avec la terre
Lui
Lui aussi l'observait…Une voyante lui avez dit un jour qu'il la
croiserait et qu'ils se reconnaîtraient au premier regard. A peine
s'étaient-ils vus que déjà l'amour envahissait son cœur. Il le savait, lui le
papillon aux ailes brûlées, qu'il ne pourrait plus se passer de cette petite
fleur aux parfums d'exotisme ; il se sentait déjà le prisonnier consentant d'un
amour auquel il n'avais jamais renoncé et l'idée même de la création
l'effleurait. Aurait-il enfin retrouvé une muse? " Musardons alors sur le chemin du bonheur partagé "
pensa-t-il en se levant et en l'entraînant dans les ruelles du vieil Agen, à
la recherche d'un petit resto sympa.
Elle
Il l'avait prise par la main et ce geste émut la jeune femme au
plus profond de son être. Il l'avait prise par la main comme s'il
s'agissait d'un enfant qu'on ne veut pas perdre dans la foule, qu'on veut guider
dans les méandres de la vie. Et elle ne put s'empêcher de songer à son enfance,
à son papa quand il lui tenait la main. Une main semblable à celle d'Alan,
puissante et tendre à la fois, une main d'artiste. Geste symbolique et
inconscient de protection. Cette main lui donnait comme par magie, une
assurance ; elle avait l'impression en fendant la foule que tous les regards
convergeaient vers eux, et ça ne la dérangeait nullement, bien au
contraire, elle éprouvait une certaine fierté à être à ses côtés. Elle eût
même un sourire intérieur en pensant qu'ils devaient être les plus beaux
! Elle, la petite fleur bleue, modeste, effacée parmi les
roses flamboyantes et arrogantes avec leur parfum de " poules de luxe "… et là
encore, elle sourit…Car pour son père, elle était la plus belle des fleurs et
il l'appelait souvent " ma poule de luxe ".
Elle se demandait si un jour, elle pourrait raconter tout
cela à Alan
Lui
Il était né dans une région
de légendes où avaient vécu MERLIN l'enchanteur, le roi ARTHUR et la fée
MORGANE et il vivait dans ce monde, avec un seul et unique désir, celui
de la rencontrer... Années d'errance et de souffrance,
s'étaient succédées, il continuait cependant à ne point désespérer.
Chaque nuit le même rêve étrange berçait son attente : au
milieu d'un champ de fleurs sauvages, une femme en robe légère, entourée d'un
nuage d'abeilles, se tenait immobile. Leur mouvement incessant donnant à
l'image une sorte de flou artistique.
Au milieu de l'effervescence de la Fête de la Musique, il
l'avait reconnue! Même bourdonnement, semblable agitation, en plein centre
d'Agen. Et là, à portée de main, une femme, au visage sans âge, au sourire
ternissant les lumières de la nuit. La soirée passa trop vite, les heures
avaient paru des minutes et le moment de se séparer était arrivé. A travers la
vitre ouverte de la voiture, il lui fit un baiser léger, un baiser, juste
effleuré, telle une allumette frottée sur le soufre de la petite boite
magique.
Le spectateur invisible
Et l'allumette s'enflamma, et à
partir de ce soir là, rien n'allait plus être pareil, pour chacun d'eux.
Elle
Dans sa tête, dans son cœur, dans
son corps, elle ressentait qu'Alan était le prince charmant qu'elle
espérait. Comme elle, il était tendre, sensible, artiste. Elle aimait sa
fougue d'enfant, ses rires joyeux, sa façon inspirée de fumer et celle de
transformer avec une alchimie sans pareille, de petits instants, en
apparence banale, en moments pleins de magie, de musique, de voyage pour
ailleurs.
Cependant, toutes
les tâches qu'elle avait l'habitude d'accomplir avec aisance, bizarrement, se
compliquèrent. Distraite, maladroite, absente, elle comparait son état à celui
d'un sac, au retour de voyage, où toutes les affaires sont en vrac : les
propres, et les sales. C'était un état depuis longtemps oublié qui revenait
à la surface. Un bonheur pur, euphorisant, voire grisant, mais en même temps,
un sentiment d'inquiétude la tenaillait. Elle craignait de perdre ce qu'elle
avait acquis si durement, par la force, pendant des d'années de
solitude: son indépendance, sa liberté de faits et gestes, " Sa liberté de
penser " sa liberté d'agir à sa guise - Cette indépendance qui avait fait
d'elle ce qu'elle était actuellement, un être à part entière -
Elle avait envie
de prendre son temps, de savourer cet amour naissant, sans songer à l'avenir,
le faire durer, réapprendre la présence de l'autre. Elle était assoiffée
d'intemporalité et affamée d'un besoin absolu de tendresse.
Le spectateur invisible
Mais bien vite, le tempérament terrien d'Alan, allait
brûler l'allumette par les deux bouts. Commencèrent alors, quelques petits heurts,
quelques petites mises au point…
LUI
ELLE
Elle
Un soir, elle se retrouva seule, dans l'appartement d'Alan. Elle
errait de pièce en pièce en s'imprégnant de l'atmosphère qui régnait en ces
lieux. Il flottait un léger parfum oriental qui se mêlait avec suavité aux
langueurs d'une musique d'ambiance. Elle s'allongea sur le canapé de cuir vert
sombre et songea à Baudelaire, le fumeur de Haschich, à son poème "
L' invitation au voyage " Les yeux mi-clos, elle récita :
"Mon
enfant, ma sœur, songe à la douceur d'aller là-bas vivre ensemble ! Aimer
à loisir, aimer et mourir au pays qui te ressemble !… Des meubles luisants,
polis par les ans, décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs,
mêlant leurs odeurs aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds,
les miroirs profonds,… Tout y parlerait à l'âme en secret, sa douce
langue natale. Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et
volupté"
Elle s'endormit…
Elle rêvait à ce pays si beau, si lointain…
Elle était assise sur le sable, le
regard perdu sur la ligne d'horizon, là où le ciel embrasse
délicatement la mer. Une légère brise s'était levée, balançant mollement ses cheveux. En passant
sa main sur son visage pour en écarter les mèches rebelles qui voilaient sa
vue, elle sentit un contact désagréable, plissé. Etait-ce des rides car il y avait au bout de ses doigts, une
viscosité d'algues? Elle eût un geste de répulsion accompagné d'un cri
inaudible…
Grand Dieu, où était-elle, à la fin ? Tout semblait
tellement flou, mouvant : tantôt recouverte par une eau limpide, tantôt
corps flottant dans une eau trouble parsemée de grains de sable d'or. Elle
ouvrit la bouche pour appeler au secours et fût prise d'une angoisse
terrible…dans ce fond marécageux, personne ne l'entendrait, elle était
seule… Elle essaya d'articuler le mot A-L-A-N mais l'eau
remplissait sa bouche, s'engouffrait dans sa gorge et tombait en chute dans
son ventre - ça faisait un bruit gargouillant de tuyauterie -
Elle tenta de faire fonctionner son esprit en pensant à Alan,
peut-être que la télépathie le préviendrait de sa noyade !! Mais rien…un
silence de mort régnait doux et mouvant.
Alors, elle s'abandonna aux eaux...
Elle avait probablement rêvé, Alan n'existait pas! Son esprit
l'avait créé de toute pièce, à l'image de celui qu'elle attendait depuis
des siècles, telle la belle au bois dormant. Personne ne l'entendrait, personne ne
l'attendait!
Elle se laissa glisser un peu plus
vers le fond, pressée soudain de s'endormir pour de bon !
Elle n'avait plus envie de
se battre. C'était
sans doute la malédiction des
fleurs bleues, toujours rares à trouver, toujours solitaires, toujours oubliées…
même le petit myosotis avait accepté son sort, avec son nom anglais de "
forget-me-not " " ne m'oublie pas ".
Elle était bien ainsi, couchée sur ce sable moelleux.
Avec un soupçon de coquetterie, elle débarrassa son visage des algues - pour son
dernier voyage, elle voulait être belle - . Elle croisa les mains sur
sa poitrine en signe de pardon à l'Humanité et ferma les
yeux.
Elle avait fait la
bêtise de se réinscrire sur ce site, alors même qu'ayant trop souffert par
le passé, elle s'était jurée de ne plus jamais y remettre les pieds,
dusse-t-elle rentrer chez les Carmélites ! Pourquoi cette fois encore? Par curiosité peut-être
- ceux qu'elle avait connus étaient-ils encore là, dans le catalogue des
3 Suisses et des 2 Sénégalais ? - Pour
se consoler aussi, de ne pas être la seule, dans cette recherche de
l'autre...
Mais
qu'allait-elle donc faire dans cette galère ?
Nul et archi-nul ...Contacts décevants et insipides avec ce
fameux " Femme bien dans sa tête " ou " Sans prise de tête " Encore une fois, pour eux, n'être qu'un
corps amputé de sa tête.
Et puis, un jour, un message à nul
autre pareil.
Il cherche un contact de "Femme avec corps et tête". Enfin un qui
comprend ce qu'Elle crie depuis des siècles, désespérément, se faisant le
porte-parole de la gente féminine : " L'amour n'est pas qu'une question de
corps ".
Lui
Et cet homme lui répond
:
- Comediante,
tragediante...!!! Vous avez tout compris. Mais, lorsque je relis votre annonce
si pleine de déconvenue, je me dis que je pourrais l'avoir écrite en
remplaçant Homme, par Femme. C'est toute la tragédie humaine vous savez. En
tout cas, c'est très touchant, et malgré mon statut avoué et écrit
....."D'homme marié" je vous trouve intéressante. Je ne cherche rien
d'autre qu'un peu de lumière au bout du chemin...! Mais, si je peux me
permettre, ne cherchez pas la perfection, elle n'existe que dans les romans et
les oeuvres d'art parfois. Pas dans la vie, alors, "Si m'en croyez, Madame,
n'attendez à demain, cueillez dès aujourd'hui les roses de la
vie....!"
Elle
"Tiens ! Un homme qui n'est pas effrayé par mon annonce
! Bien.... Ah c'est vrai, il est marié pfff...et caché ! re-pfff... soit
parce qu'il est marié, soit pour sa notoriété, soit parce qu'il est moche ! Ou
les 3 à la fois pourquoi pas !!! Mais c'est amusant, il a du répondant. Au point où
j'en suis, répondons-lui"
Elle
- Et poète avec ça...bravo !
Heureuse que vous ayez compris ! Je savais que je n'aurais pas beaucoup de
succès avec une telle annonce et je ne sais d'ailleurs pas pourquoi je suis
vraiment là, vu que je sais... que ma démarche est idéaliste. Probablement que
je ne trouverai jamais ce prince charmant, une fleur bleue au bout des doigts,
car la fleur que je recherche n'est point la rose, prétentieuse et arrogante,
dotée de perfection mais une simple fleur bleue, un myosotis
"forget-me-not"
Lui
Et, Il Lui
répondit :
- Mais pourquoi? Vous êtes si mignonne sur la photo, alors I will
not forget you, don't worry. Et je deviens aussi fleur bleue que vous... .Que
faites vous dans la vie ? Et pourquoi ne trouveriez vous pas le prince charmant,
la persévérance et le naturel sont importants, même sur ce genre de site, ne
pensez vous pas? Et puis la rose n'est pas prétentieuse, elle est ouvragée,
close, discrète et elle sent si bon. C'est la légende qui l'a faite
prétentieuse.. Poète, pourquoi pas, vous êtes si jolie à regarder que je
retrouve mon romantisme perdu. Merci.
LUI
ELLE
Les Messageries
Les Messageries
Les messages se suivaient et une joute
oratoire s'était engagée entre eux. Avec une
délicatesse et un art subtil, il la courtisait. Il étalait sur le papier des
mots d'amour. Avec eux, il l'habillait de dentelle et velours. Elle en oubliait
presque la femme simple qu'elle était en réalité.
Elle
Fait inhabituel, elle se retrouvait à aligner des mots ;
sa plume avait retrouvé le chemin des mots mais non, celui du cœur. Son cœur
était emprisonné, enfermé. Elle l'avait enfermé ! Pour se protéger de la douleur
! Et voilà qu'une clé tournait dans un sens, puis dans l'autre, la triturait
pour tenter d'ouvrir une brèche, une porte. Ca ne faisait même pas mal, la porte
était blindée. Elle n'avait pas eu conscience du travail accompli, du travail
de sape. Ca ne faisait pas mal, c'était plaisant cet échange de messages, un
badinage la transportant dans un Moyen Age, où gentes Dames et Damoiseaux se
frôlaient d'un regard, du bout des gants, d'un froufrou de jupon. Le visage
rosissant sous les compliments. Elle aimait ça ! Ça la rassurait, même si au
fond d'elle, elle n'y croyait guère mais un vase n'est-il pas toujours
plus joli avec une fleur, un visage toujours plus aimable embelli d'un sourire.
Y-a-t-il vraiment du mal
à se faire du bien ?Mais pourquoi ne pouvait-elle penser à ce "bien" qu'en le
nommant par "ça"....effrayant non?
Elle
Insidieusement, la clé dans la serrure s'était
tournée... La porte rouillée s'était entrebâillée Un rayon de
soleil Eclairait l'intérieur de son halo vermeil Huile essentielle et
magique Que celle de l'amour, si on enlève le tragique
!
Lui
Lui, le premier avait employé ce mot d'alter
ego Il semblait en effet qu'ils agissaient de compère, dans une tacite
complicité, une complémentarité hors du commun. Des liens forts créés, oui
créés ! - Parce qu'ils avaient l'impression comme tous les amoureux du monde,
d'être les seuls à penser, à ressentir, à aimer ainsi - Des liens forts, en
symbiose, s'exprimaient. Leur plume complice courait d'elle-même, sur le
papier, inventant mille histoires pour s'avouer leur amour, créant, oui
créant, des personnages imaginaires mi homme, mi animal, mi fleur, mi arbre,
entourés qu'ils étaient, d'onomatopées, ronronnement amoureux, silence du
velours caressant, chuchotement de la soie
Propulsés dans les airs, Sur de délicieux nuages Ou
faisant naufrage A mille lieues
sous les mers
Respirant l'un par l'autre Essuyant les larmes, l'un de
l'autre Inventant des cadeaux de reines Des corbeilles de fleurs Des images, des mots, des musiques
Et Elle...
Tour à tour se lovait dans ce cocon
protecteur Ces deux bras chauds et rassurants, tendus vers elle Puis s'en
raison s'éloignait de peur Qu'un jour il ne parte à tire
d'ailes
Elle et Lui s'étaient donnés
rendez-vous...
Jour
mémorable, jour fatidique ?? Chamade, tic-tac tout le Saint Frusquin des tambours
internes
Ils étaient tous deux, à l'heure, sur la place du marché Ce
jour là, étaient absentes les fleurs Ils avaient rendez-vous au Café, " Le
cœur des remparts " Lieu de rencontre des cœurs amoureux de hasard Ou des
cœurs qui s'habillent de remparts ? Le cafetier, sans doute, avait eu une vue
plus commerciale Moins sentimentale Quoi que...
Elle
Nullement désorientée, la photo avait bien
flashé. Il était là, devant elle, comme un nounours embarrassé. Assis à
une table centrale, devant son petit café Au cœur de la salle, elle
rayonnait...
En plein centre de Marmande, Encore une fois, à la Place du
marché sans fleurs Devant tous, non cachée, pour elle, c'était un vrai
bonheur De quoi se délecter en
incorrigible gourmande
L'instant fut trop court... Le temps aurait dû être suspendu
! Les pendules arrêtées !! Les horloges muettes !!! Seuls des cœurs silencieux se
parlaient à tue-tête.
Lui
Dans la voiture, il était heureux Il prit de
l'essence... D'un commun accord, ils semblaient sur le départ D'un voyage au long cours et grands
espaces
Ils riaient de bêtises C'était bon ! Le soleil était
là... Complice !
Et puis, la maison, la petite tour, Un
château pour princesse Joliment décoré, le plaisir des yeux Avec ces
fleurs sèches, Ces photos anciennes de grands-parents D'enfants
Demeure
familiale où des gens ont l'air heureux
Alors il la
prit dans ses bras
Elle
Elle était un peu gênée, embarrassée La maison, où
flottait une odeur de famille D'une épouse en voyage partie Un retour imminent
Elle était embarrassée, n'ayant pas l'habitude D'un nounours
au ventre rebondi Et à l'air si gentil Ses deux bras n'en faisaient pas le
tour Elle se sentait maladroite en tout.
!!
Elle riait Pour avoir l'air de sentir bien Pourtant dans
le café, elle était bien Elle l'aimait
Il voulut l'embrasser Et elle, scella sa bouche Pour la
première fois Pourquoi
?
Elle partit chercher le pourquoi
Elle
Elle
cherchait la raison. Le motif ? Ou tout simplement à acquérir enfin de la
raison ? La raison était bien le mot L'antidote de son amour
malade Pourquoi avait-elle ouvert la bouche la première fois ? Elan du
cœur ? Geste machinal pour boire l'amour à la source ? Pourquoi avait-elle
fermé la bouche ensuite La raison, comme une chape de plomb l'avait
scellé Le goût de l'amour animal lui était revenu Avec son cortège de maux ...
Elle se souvenait ...et un désir de le prouver lui était
venu Envoyer à son cher Mimi un cliché des folles années. Quelques petites
années folles après tant d'années de sagesse, cloîtrée Elle s'était mise à
fumer, à fantasmer, à aimer l'amour A faire des choses que même
son mari n'avait pas connues
Années folles où femme elle devint, belle, ouverte,
rajeunie L'amour fait des miracles !! Femme et non plus mère, sœur,
fille
Elle avec
Elle
Liberté retrouvée, c'était
inouï
Leurre Tourne moulin, tourne Leurre Ce n'est plus l'heure
Lui
Il était sans doute déçu Il ne savait pas Des
mots, un timbre de voix, Des photos lui avaient suffi pour mettre son cœur
en émoi Et à son corps le feu
d'autrefois
Elle
Au milieu de sa vie compliquée Et même
embarrassée Elle redécouvrait l'amour Mais comme une enfant Avec ce
besoin de tendresse, De main dans la main Du halo et de la chaleur dont
les corps s'entourent Quand des êtres s'aiment d'amour
Lui
Au grand dam de son chéri ! Mais un homme ne se suffit
pas de superficialité D'être sur la porte et de ne pas pouvoir rentrer Son
ego en prend un coup - Je ne suis pas ton père, crie-t-il ! - Et refuse d'être
seulement ton ami, ajoute-t-il !
Elle
Alors elle se demande " C'est quoi l'amour ? "
Puisque refus il y a Si amour
sexuel, il n'y a
Amour
conditionnel ?
Exit l'amitié Exit toute forme d'amour excluant
l'amour
Et elle était un peu révoltée, Là aussi on l'avait
trompée Les histoires dans les livres et films c'était du faux Ces
histoires où l'on se rencontre dans un ascenseur, un magasin, au bureau Où
l'on s'observe, où l'on se plait ou pas mais il y a quelque chose qui
passe Où l'on va boire un verre, on mange un bout, on va au ciné On se
découvre des passions communes, des loisirs Et puis, et puis, on s'habitue,
on ne peut plus se passer de la personne, On ne pense qu'à elle Et un jour...
Elle
Après cette période de douce euphorie Des bibelots
furent cassés par des mots dits Maux dits ! Soyez maudits !
Sans défense devant Lui Elle s'était retranchée dans le
silence Celui qui miroite sur l'étang glacé Le tambour avait soudain
cessé. Ses ailes figées dans leur mouvement de danse Elle était tombée au
sol, en petite chose sans consistance Le soleil était parti, c'était de nouveau
la nuit
Lui
Il était malheureux Il s'était senti rejeté, peut-être
même humilié Elle le savait Elle avait perçu son âme Mais il s'en
défendait Il avait tout pour être heureux Sauf les caresses de sa
Dame
Elle et Lui Il l'aimait Elle
l'aimait
Chacun assis sur sa planète A dix mille années lumières l'un
de l'autre Des pensées voyageaient de l'un à l'autre Comme ces fleurs
d'araignées du Net Tissant jour après jour leur
voilette
Elle
De bon matin, elle partit en voyage Avec à la main,
un modeste bagage Un peu de monnaie Et entre 2 chemises brodées Un
livre dont jamais elle ne se séparait Les lettres d'amour d'un écrivain Et
d'un poète, marquées d'un signet étrange L'image de Sainte Rita, Mère des causes
désespérées
Petite Rita, au front percé de mille maux Ne sépare pas ceux
qui sèment Les campagnes de fleurs d'amour Que le printemps mûrisse ses
graines Pour que l'été les amours reviennent
Sois bénie
entre toutes
Elle
Elle avait entrepris de défaire son sapin de Noël.
Alors qu'elle ôtait avec précaution, les boules multicolores, les guirlandes
scintillantes et les étoiles d'argent, son cœur se serra, elle avait
l'impression d'enlever les couleurs chatoyantes de ses rêves, leur magie,
éteignant une par une, les étoiles qui avaient brillé dans ses yeux. Peu à peu
l'arbre se vidait de ses aiguilles, tombant au sol avec un petit bruit de
larmes métalliques ; il se retrouva bientôt nu devant elle et comme chaque
année, elle éprouvait une mélancolie à le dégarnir ainsi et le jeter sans
pitié dans le jardin. Des rêves d'enfance s'enfuyaient avec lui, un peu plus
chaque année.
Le téléphone sonna et elle fût tout étonnée de l'entendre avec
sa voix douce et chaleureuse. Elle ne s'y attendait pas ...pourtant il l'avait
quittée la veille en lui répétant d'une manière insistante " A tout à l'heure
" Elle s'était demandée d'ailleurs, quel message, il voulait lui faire
passer. Un message...étrange coïncidence !
Ils avaient rendez-vous vers 10 h ¼ à la Brasserie " Les Messageries " au coin
du boulevard Gambetta, à trois pas de la Banque où il
travaillait.
Elle était arrivée la première. Il faisait un froid, un de ces
petits froids, vif qui piquait au visage. Devant la porte du bar, elle avait
hésité à pénétrer à l'intérieur, toute seule - ce n'était pas dans ses
habitudes- Finalement, était-elle une femme libérée et libre ? Elle se le
demandait... mais par défi, s'encouragea à franchir le seuil. Une veine ! Le
café était vide, seule une jeune fille derrière le bar, l'accueillit avec
un sourire. Elle commanda un petit noir et s'installa sur la banquette de simili
rouge, près de la fenêtre. Après quelques secondes
passées à tourner dans son café, elle se sentit bien ; et se souvenant du
dernier rendez-vous au Cœur des Remparts où elle avait éprouvé un semblable
bien-être, elle convint qu'elle aimait ces lieux impersonnels,
vides ou pleins de monde anonyme, où l'on ne connaît personne et où l'on lie
vite connaissance, par une sorte de connivence dont il ignorait la cause....se
retrouver ailleurs peut-être ? Une sorte d'évasion peu
coûteuse.
Lui
Il rentra dans la Brasserie ! Elle le connaissait peu
! C'était bien lui, elle le reconnut tout de suite. Il avait belle allure dans
son costume clair. Il s'approcha d'elle et l'embrassa sur le coin de la
bouche, puis sur la bouche. Ce contact physique lui fit un réel plaisir : les
lettres et les mots écrits avaient fait leur chemin et se concrétisaient dans la
réalité. Ils étaient heureux de se retrouver, et se mirent à bavarder comme
s'ils s'étaient quittés la veille. A un moment donné, c'était plus fort qu'elle,
tout était tellement mélangé dans sa tête... et le fait de voir ses yeux, de
toucher ses mains, d'être si proches l'un de l'autre, elle lui demanda ce
qu'il attendait d'elle. Il rit en se remuant sur son siège, déconcerté par
la question. Il lui répéta ce qu'il lui avait toujours dit. Il n'attendait rien,
il ne voulait rien, il était marié et cela mettait un point final au
questionnement. Elle se trouva bête d'avoir demandé ça. Il était mal à
l'aise, malgré tout, elle le sentait embarrassé, comme si sa question était un
gros sac dont il n'aurait su que faire, trop lourd et encombrant pour
lui. Puis
il dut repartir travailler et après l'avoir embrassée plusieurs fois, il lui
dit " A tout à l'heure ".
Elle
Après son départ, elle resta encore attablée, à
réfléchir : Il était toujours aussi charmant, gentil, câlin, mais quelque chose
d'à peine perceptible avait changé, sa fougue des premiers temps peut-être ? son
empressement à entretenir le lien par le dialogue ? Il lui écrivait moins,
beaucoup moins, et il n'était plus aussi prolixe. Ce changement subit l'avait
désorientée et sa question bête " Qu'attends-tu de moi ? " était le
résultat de tout cela. - Leur histoire était-elle trop compliquée pour
lui ? - Avait-il eu, ces derniers jours, un autre contact avec une femme
à la relation plus facile ? - Ce recul était-il une manière de lui faire
comprendre des choses ? Elle n'en savait fichtre rien mais curieusement, le
soir, sur le retour, elle se sentait sereine, comme en paix avec elle-même. De
l'avoir vu, l'avait rassurée, avait mis de la lumière dans sa tête et dans la
situation qu'elle vivait depuis 2 mois. Elle était redescendue sur terre avec
ses petits pieds de bethy ; Elle n'attendait plus rien, car
bethy n'était pas fleurbleue. Elle n'était plus fleur bleue Ce qui lui importait
par-dessus tout, à présent, était de trouver un équilibre de part et
d'autre. Et cet équilibre était en train de se créer
silencieusement.
Elle
La vie
avait repris son cours anonyme...
En passant
devant le kiosque, une affiche d'un vieux film en noir et blanc, collée à la
hâte sur une multitude de publicités, attira son attention. Mais de retour à
la maison, elle ne se rappela plus du titre, seulement qu'elle était déchirée
en haut à gauche ; avoir oublié le titre l'obséda toute la journée, tant et si
bien qu'elle se demanda même si l'affiche était en noir et blanc ou si
c'était ses yeux qui l'avaient vue ainsi, dans un prisme déformant et
sombre.
Elle trimbalait depuis des jours, une sorte de léthargie, une
impression d'après, d'après les vacances, d'après l'été... Une fin de saison
où le soleil est moins brûlant, où les souvenirs heureux sont omniprésents
mais occultés par la chute incessante de feuilles d'or, indolentes, voltigeant
dans les airs et se mourant sur le sol. La saveur des fruits rouges, aux petits grains
chatouillant les papilles, s'était estompée laissant la place au goût âpre et
rêche des pommes craquantes sous leur peau luisante et
lisse.
Un silence silencieux, pas feutrés sur un diagramme plat, avait
remplacé l'écho joyeux des cascades de rires. Elle marchait dans ce silence,
le corps vide, un vide lourd et pesant. Elle se demandait d'ailleurs pourquoi,
toujours, les contraires s'attirent. Quelle dérision ! Un corps vide et pesant,
un paradoxe ! Elle se rappelait encore qu'hier, son cœur était plein et
qu'elle se sentait légère comme une plume !! Allez-y comprendre
quelque chose ! Et puis il y avait " ce silence silencieux " faisant la
nique au silence chuchotant, rond comme le ventre d'une femme enceinte, complice
de choses retenues, de pensées fleuries, de fantasmes érotiques. Enfin de compte, les pensées auraient-elles un poids, un
volume ! Une aura enveloppante, perceptible quoiqu'on en dise, par les
autres...
Et ce silence silencieux la déroutait, lui donnant une
démarche peu sûre. Déambuler seule dans les rues, regarder les vitrines sans les
voir, lire les affiches sans les imprimer dans sa mémoire, relevait d'un
parcours d'aveugle, tâtonnant et hésitant. Allait-il lui falloir une canne comme
compagnie...histoire de s'appuyer, d'avoir une complicité ? Elle se sentait fragile sans cette protection
amoureuse qui l'entourait d'une délicate pellicule chatoyante, d'une douce
carapace.
Lui
Il ne l'aimait plus. Il
s'était volatilisé, désintégré dans l'atmosphère, subitement, telle une bombe
sans fracas.
Elle
Elle ne le percevait plus - Etait-il encore sur
cette terre ? - Etait-il mort sans lui dire un dernier mot d'adieu
...punition bien amère