Une femme, ce matin, m'a écrit et ma journée s'est subitement
assombrie.
Elle me parle de sa douleur de mère, de son enfant dont la vie ne
tient qu'à un fil, qu'à une bouchée de nourriture.
Ouvrir la bouche, nous semble
si simple; avaler, nous
semble un réel plaisir; pour sa fille, c'est un vrai calvaire !!
Quand la tête dit non, quand l'âme refuse au corps toute
nourriture, l'anorexie mentale est en chemin.
Mère désespérée, parents impuissants...devant un enfant, son
propre enfant, qui se laisse mourir de faim. Alors que la vie n'est
possible qu'en s'alimentant...et la culpabilité insidieuse surgit avec son flot de
questionnements :
-
Qu'avons-nous fait ou pas fait pour en arriver là?
- Quelle
est notre part de responsabilité ?
Avant que de
faire notre propre examen de conscience, l'analyse de la situation, ou le
bilan de notre vie, il y a des choses essentielles à apprendre sur ce
trouble du comportement.
- Essayer de
comprendre ce qui se passe dans la tête d'un anorexique est in-dis-pen-sa-ble
!
Pour
ce faire, je recommande vivement de lire le livre de Valérie Valère " Le pavillon des
enfants fous "
Car ce que vit l'entourage
familial n'est rien à côté de la souffrance de l'anorexique lui-même,
n'oublions pas, qu'il s'agit de lui, de sa vie. Et dans cet ouvrage nullement
littéraire, une dramatique histoire vécue est relatée jour après jour; une
fenêtre ouverte sur ce mal de vivre.
"La
petite Valérie n'a que 13 ans quand elle est placée, par sa mère, dans un
hôpital psychiatrique, au milieu d'enfants " fous ", pour refus de
s'alimenter. Avec ses mots d'enfant, d'adolescente, deux ans plus tard,
elle racontera ce qu'elle y a vécu. Elle nous décrit ses ressentis, sa
souffrance, et nous dépeint comment elle voit et perçoit ses parents, les
gens, la société.
Stupéfiant de vérité,
de lucidité. Elle fait remarquer très justement que les parents sont
tellement accablés et malheureux de ce que leur enfant leur fait vivre qu'ils
en oublieraient presque la souffrance de leur enfant qui se laisse
dépérir.
Comment
vivre cette épreuve ? Comment crever la bulle dans laquelle s'enferme le
malade ?
Qu'en est-il de l'anorexie?
Il est nécessaire de
comprendre avant tout, non pas ce qui a pu déclencher cet état mais ce
qu'est cette maladie qu'on appelle" l'anorexie" un nom
barbare à l'origine étymologique grecque :
"orexis" = appétit, et "a
"alpha privatif => privé d'appétit
L'anorexie, ce refus de s'alimenter traduit la plupart du
temps, un conflit psychique. L'esprit refuse au corps de se nourrir. Le corps
en devient malade, le mental a une vue déformée de ce qu'est la vie,
de ce passage sur la terre. L'anorexique voudrait vivre dans un monde spirituel, celui
de l'esprit où le corps n'aurait pas sa place, n'existerait pas. Le corps n'existant
pas, il n'y a pas lieu de le nourrir ni de dépendre de la nourriture. Il
nie son corps - plus il est mince, moins il le voit, moins il
existe. Une sorte de logique ...
Dans la
plupart des cas, l'enfant anorexique, axé sur l'intellect, est un très bon élève
en classe.
On observe que cette maladie
atteint plus souvent les filles adolescentes.
La souffrance de l'anorexique?
Outre, les carences
alimentaires qui occasionnent des malaises,
des troubles organiques et fonctionnelles, de la perception, il y a
ce combat qu'il doit livrer sans cesse contre sa famille, la société,
la vie. Tout se ligue contre lui pour le faire manger, chose qu'il exécre.
Avec force, entêtement, obstination, car c'est de son corps qu'il est question,
il lui appartient, il lutte avec acharnement ne voyant pas l'utilité de manger ...il n'éprouve aucune
faim !!!
Les raisons de
l'anorexie?
Il y a eu un événement dans
la vie de l'adolescent où le corps s'est séparé de l'esprit - une sorte de fracture
- L'enfant s'est peu à peu isolé du monde, seul avec son mal être.
Trouver cet accident, ce qui
a pu déclenché ce processus, est important mais tout n'est que supposition et même
s'il nous semble avoir trouvé un début de réponse, il est très
difficile de remonter le temps et de réparer ; Le mal s'est
installé.
Remèdes, espoirs?
Pour les parents, il existe de
multiples associations de soutien, d'échange mais avant tout, ne pas se
voiler la face, accepter l'idée que son enfant est malade; comprendre
qu'il a de la difficulté à vivre dans la société.
Faire
pression sur lui, le menacer, le traquer ne fait qu'aggraver son état; Essayer de l'orienter vers
une occupation, un travail, un loisir qui lui plait pour qu'il se sente
en confiance, et que le goût de la vie lui revienne.